Voici
la page 2015 tournée, devant nous une nouvelle année. A Natitingou,
nous étions quelques amis à réveillonner ensemble chez Dany,
propriétaire de « Ma Case au Bénin », enfin… le terme «
réveillon » est un peu prétentieux. Concrètement, j’étais allé
au monastère de Pèporiyakou pour faire l’approvisionnement en
produit de leur ferme : rillettes, jambon et saucisses. A la
supérette, j’avais trouvé du Cabernet Sauvignon d’assez bonne
facture. De son coté, Dany avait préparé un excellent riz en
accompagnement, et pour finir une coupe de fruits dont elle a le
secret. Peu importe la simplicité du menu, la convivialité était
là, dans le cadre reposant et agréable de cet ensemble de cases
africaines plantées au milieu d’un jardin luxuriant sur les
hauteurs de la ville. Derrière les cases, coule un ru qu’il
convient de nommer « la marigot », où les lavandières africaines
viennent frapper le linge. Les guides touristiques ne se trompent pas
en recommandant cette adresse.
Après
les douze coups de minuit, les jeunes prenaient le chemin des
cabarets où l’on sert du tchoukoutou, dit le « tchouk » ; il
s’agit d’une bière artisanale fabriquée à base de mil ou de
sorgho qui est très prisée par les béninois et togolais. Il en
existe deux sortes : fraîche ou fermentée. La première est douce,
sucrée, le seconde amère et nettement plus alcoolisée. Aux abords
des rues, il y a donc ces fameux « cabarets », dans lesquels hommes
et femmes se retrouvent pour savourer cette boisson tant appréciée.
On la déguste dans une petite calebasse, et il est dit qu’elle
serait aussi revitalisante, ce qui est sans doute un bon argument de
vente pour les hommes un tant soit peu fatigués, qu’elle ferait
oublier les soucis, et guérirait même du palu, mais pour ça, il
n’existe pas de preuve scientifique. Outre ces vertus
thérapeutiques, le tchouk serait également un vecteur de
réconciliation entre ennemis ou adversaires, suscitant le pardon.
Vraiment, comme on dit à Abidjan, le tchouk est trop, hein !
Pendant
ce temps, les anciens – cad Dany et moi - regagnaient
raisonnablement leur chambre. Un vrai soulagement en ce qui me
concerne, étant donné que mes paupières ont terriblement souffert
des attaques de l’harmattan ; elles ont gonflé de volume depuis
mon arrivée dans l’Atacora, qui n’est pas simplement le nom d’un
département du Bénin mais aussi une chaîne montagneuse où l’on
peut découvrir les fameuses tata-sombas, ces fermes fortifiées si
particulières aux Bétamaribés (j’y reviendrai), et le Parc
National de la Pendjari, grande réserve naturelle et animale. La
vitamine A trouvée en pharmacie, calme un peu mes irritations
oculaires, c’est un minimum, mais le gène demeure. Or, demain, il
va falloir reprendre la route direction Sud, avec étape à Dassa
chez Armand & Joanna qui tiennent la Ferme Maktub, dont le
Routard nous vante les qualités d’accueil et de restauration, ce
que je ne démentirais pas, et qui fait partie du réseau « Accueil
Paysan ». Armand s’occupe de la ferme, sise à l’écart de la
ville, loin des sentiers battus, il tient un élevage de lapins, de
chèvres, bientôt de cochons et cultive un jardin de fruits et
légumes bios ; Joanna s’occupe de la cuisine et de la restauration
avec son personnel. De chez eux, il est possible d’effectuer de
belles ballades sur les immenses, les colossaux rochers qui
surplombent Dassa. Les bungalows sont simples mais très
fonctionnels, réalisés dans un style authentique et avec matériaux
traditionnels.
Reprendre
la route…. Cette route est en certains endroits dans un état
lamentable, avec des nids de poule profonds, ce qui m’oblige à
faire un détour par la case garage pour une soudure au pot
d’échappement. Après Dassa, elle devient à peu près bonne,
puis, tout à fait après Bohicon. Arrivée à Cotonou, passage chez
les Dovi pour y déposer mon accompagnateur avec ses provisions de
tchouk, fromages, ignames et pommes de terre, puis retour à la
maison pour du repos bien mérité, mais de courte durée. En effet,
j’avais prévu une petite fête à la maison le 3 au soir avec la
famille Tempête. Je m’en serais bien dispensé tant mes paupières
boursouflées me causent de l’inconfort. La pharmacienne de
Fidjrossè m’a donné une pommade ophtalmique unidose, le Sterdex,
que je vous recommande en cas de problème similaire ; elle s’est
avérée très efficace dès la première application.
Le
7 janvier, j’ai commencé mes séances de rééducation du rachis
cervical à Camp Ghezo, l’hôpital des armées. Après seulement
trois soins, je dois reconnaître le grand professionnalisme des
kinés militaires : étirements musculaires, massages, je me sens
déjà soulagé, je pense voir bientôt la fin des douleurs.
A
la veille de la fête du Vaudou, qui est une fête nationale au
Bénin, j’ai pris la direction de Wado, un restaurant de plage qui
est le spot préféré des surfeurs ; ils avaient prévu une «
soirée folle et conviviale, avec piste de danse sous les étoiles,
musique pour nous enjailler (j’aime bien ce verbe issu de l’argot
de Côte d’Ivoire) les pieds dans le sable, et feu de camp en bord
de mer… ». En réalité, leur communication tardive sur le thème
« le Wado va chauffer!» ne leur a pas permis de réunir beaucoup de
participants. Dommage ! Ce qui ne nous a pas empêché de goûter à
leur carte habituelle de poissons frais et de fruits de mer.
Avant
cette soirée, nous avions tenu à la maison la seconde réunion de
l’Association Jar’Nati Bénin ; il va falloir que les
participants arrivent à l’heure ! Amha, ce n’est pas gagné,
mais je ne renonce pas.
Sinon,
j’entame une semaine de démarches administratives : chef de
quartier, carte consulaire, visa de séjour. Bref, ça n’arrête
pas ; on a beau être à la retraite, il y a toujours quelque chose à
faire.
[A
suivre]
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