dimanche 10 avril 2016

Retour du Nord Bénin

Voici la page 2015 tournée, devant nous une nouvelle année. A Natitingou, nous étions quelques amis à réveillonner ensemble chez Dany, propriétaire de « Ma Case au Bénin », enfin… le terme « réveillon » est un peu prétentieux. Concrètement, j’étais allé au monastère de Pèporiyakou pour faire l’approvisionnement en produit de leur ferme : rillettes, jambon et saucisses. A la supérette, j’avais trouvé du Cabernet Sauvignon d’assez bonne facture. De son coté, Dany avait préparé un excellent riz en accompagnement, et pour finir une coupe de fruits dont elle a le secret. Peu importe la simplicité du menu, la convivialité était là, dans le cadre reposant et agréable de cet ensemble de cases africaines plantées au milieu d’un jardin luxuriant sur les hauteurs de la ville. Derrière les cases, coule un ru qu’il convient de nommer « la marigot », où les lavandières africaines viennent frapper le linge. Les guides touristiques ne se trompent pas en recommandant cette adresse.
Après les douze coups de minuit, les jeunes prenaient le chemin des cabarets où l’on sert du tchoukoutou, dit le « tchouk » ; il s’agit d’une bière artisanale fabriquée à base de mil ou de sorgho qui est très prisée par les béninois et togolais. Il en existe deux sortes : fraîche ou fermentée. La première est douce, sucrée, le seconde amère et nettement plus alcoolisée. Aux abords des rues, il y a donc ces fameux « cabarets », dans lesquels hommes et femmes se retrouvent pour savourer cette boisson tant appréciée. On la déguste dans une petite calebasse, et il est dit qu’elle serait aussi revitalisante, ce qui est sans doute un bon argument de vente pour les hommes un tant soit peu fatigués, qu’elle ferait oublier les soucis, et guérirait même du palu, mais pour ça, il n’existe pas de preuve scientifique. Outre ces vertus thérapeutiques, le tchouk serait également un vecteur de réconciliation entre ennemis ou adversaires, suscitant le pardon. Vraiment, comme on dit à Abidjan, le tchouk est trop, hein !
Pendant ce temps, les anciens – cad Dany et moi - regagnaient raisonnablement leur chambre. Un vrai soulagement en ce qui me concerne, étant donné que mes paupières ont terriblement souffert des attaques de l’harmattan ; elles ont gonflé de volume depuis mon arrivée dans l’Atacora, qui n’est pas simplement le nom d’un département du Bénin mais aussi une chaîne montagneuse où l’on peut découvrir les fameuses tata-sombas, ces fermes fortifiées si particulières aux Bétamaribés (j’y reviendrai), et le Parc National de la Pendjari, grande réserve naturelle et animale. La vitamine A trouvée en pharmacie, calme un peu mes irritations oculaires, c’est un minimum, mais le gène demeure. Or, demain, il va falloir reprendre la route direction Sud, avec étape à Dassa chez Armand & Joanna qui tiennent la Ferme Maktub, dont le Routard nous vante les qualités d’accueil et de restauration, ce que je ne démentirais pas, et qui fait partie du réseau « Accueil Paysan ». Armand s’occupe de la ferme, sise à l’écart de la ville, loin des sentiers battus, il tient un élevage de lapins, de chèvres, bientôt de cochons et cultive un jardin de fruits et légumes bios ; Joanna s’occupe de la cuisine et de la restauration avec son personnel. De chez eux, il est possible d’effectuer de belles ballades sur les immenses, les colossaux rochers qui surplombent Dassa. Les bungalows sont simples mais très fonctionnels, réalisés dans un style authentique et avec matériaux traditionnels.
Reprendre la route…. Cette route est en certains endroits dans un état lamentable, avec des nids de poule profonds, ce qui m’oblige à faire un détour par la case garage pour une soudure au pot d’échappement. Après Dassa, elle devient à peu près bonne, puis, tout à fait après Bohicon. Arrivée à Cotonou, passage chez les Dovi pour y déposer mon accompagnateur avec ses provisions de tchouk, fromages, ignames et pommes de terre, puis retour à la maison pour du repos bien mérité, mais de courte durée. En effet, j’avais prévu une petite fête à la maison le 3 au soir avec la famille Tempête. Je m’en serais bien dispensé tant mes paupières boursouflées me causent de l’inconfort. La pharmacienne de Fidjrossè m’a donné une pommade ophtalmique unidose, le Sterdex, que je vous recommande en cas de problème similaire ; elle s’est avérée très efficace dès la première application.
Le 7 janvier, j’ai commencé mes séances de rééducation du rachis cervical à Camp Ghezo, l’hôpital des armées. Après seulement trois soins, je dois reconnaître le grand professionnalisme des kinés militaires : étirements musculaires, massages, je me sens déjà soulagé, je pense voir bientôt la fin des douleurs.
A la veille de la fête du Vaudou, qui est une fête nationale au Bénin, j’ai pris la direction de Wado, un restaurant de plage qui est le spot préféré des surfeurs ; ils avaient prévu une « soirée folle et conviviale, avec piste de danse sous les étoiles, musique pour nous enjailler (j’aime bien ce verbe issu de l’argot de Côte d’Ivoire) les pieds dans le sable, et feu de camp en bord de mer… ». En réalité, leur communication tardive sur le thème « le Wado va chauffer!» ne leur a pas permis de réunir beaucoup de participants. Dommage ! Ce qui ne nous a pas empêché de goûter à leur carte habituelle de poissons frais et de fruits de mer.
Avant cette soirée, nous avions tenu à la maison la seconde réunion de l’Association Jar’Nati Bénin ; il va falloir que les participants arrivent à l’heure ! Amha, ce n’est pas gagné, mais je ne renonce pas.
Sinon, j’entame une semaine de démarches administratives : chef de quartier, carte consulaire, visa de séjour. Bref, ça n’arrête pas ; on a beau être à la retraite, il y a toujours quelque chose à faire.

[A suivre]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire