29 février 2016
Séba ! Ou Sébastien Ajavon. On ne l'attendait pas tant il est vrai qu'il avait toujours – par le passé – tenu la politique loin de ses préoccupations. Homme d'affaire, entrepreneur, premier contributeur fiscal au budget de la nation, il avait même fait des déclarations fracassantes en ce sens, vilipendant allègrement le monde politique béninois pour sa mauvaise gouvernance, ses gabegies, et son incapacité à établir un climat propice au développement des entreprises et à l'investissement étranger au Bénin.
Seulement c'était sans compter sur son entourage qui poussait le président du patronat à y aller, considérant que non seulement il était le seul capable de stopper la prédation de l'économie nationale, mais encore qu'avec ses pairs il pourrait résorber la crise du chômage sans augmenter les embauches dans l'administration.
Sous pression et vu l'état du pays il a fini par céder ; il y est allé, et depuis le lancement de sa campagne, bien que placé hors des partis institutionnels, il récolte nombre de ralliements venus d'horizons très divers, reçoit des soutiens parfois inattendus, sans doute de personnages qui savent humer l'air du temps, entendre les populations mécontentes. Si l'on se fie uniquement à la courbe des popularités, la sienne est carrément ascensionnelle , et il ne fait aucun doute qu'il est le candidat qui a le vent en poupe en cette dernière semaine de campagne. Au point qu'il rêve lui aussi de faire le K.O. Du calme, Séba ! La fin de la route est encore semée d’embûches et sera difficile.
Son programme se résume en deux ou trois principes clairs et tranchés. L’État doit se limiter à son rôle régalien et faire le reste en liaison et osmose avec les corps intermédiaires de la société. Lutter contre les gaspillages ; par exemple, point besoin de 29 ministres pour gouverner « simple », il annonce un cabinet ultra-restreint avec des personnes recrutées pour leurs seules compétences. Une croissance à deux chiffres est possible, sa seule promesse, grâce à la fin des dépenses improductives et au développement des échanges avec le grand voisin Nigérian. « Le Bénin est un pays de transit » martèle-t-il.
Coté emploi, pas de promesses chiffrées, mais il prône une réorientation des filières de formation, avec une insistance sur les nouvelles technologies et un rétablissement de la confiance dans le secteur des entreprises, bien mise à mal ces dernières années, et seul secteur capable de créer des emplois. Il se définit souvent du leit-motiv qui caractérise son action passée et future : « je suis un agrégé d'économie pratique » aime-t-il à rappeler. Sourire...
On a affaire à un homme solide, bourru, assez ressemblant au paysan auvergnat , doté du bon sens le plus basique : on ne dépense pas l'argent qu'on n'a pas, mais on fait tout pour augmenter les recettes fiscales sans toucher à l'assiette.
Autre caractéristique du bonhomme : il est chrétien, catholique pratiquant et connaît la doctrine sociale de l’Église comme sa poche, l'appliquant au sein de ses entreprises. Au delà de ce cercle, il a aussi créé une fondation qui finance des projets de développement social, des centres de formation professionnelle et sportive, car l'homme est aussi un fervent défenseur de la pratique sportive, qu'il entend promouvoir à travers tout le pays en réalisant les équipements qui manquent depuis tant d'années.
Perso, ce candidat recueille toutes mes préférences, il est authentique, pragmatique et social, réellement soucieux de servir son pays et non de se servir. S'il réussit à gagner, j'ai bon espoir pour le Bénin d'ici à cinq ans, sinon...
Mon pronostic : Président au second tour, après avoir écrasé Lionel Zinsou.
[à suivre]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire