27 février 2016, soir
Autre candidat, Patrice Talon est surtout le roi du coton. Ayant su actionner ses bonnes accointances avec les plus hauts responsables politiques béninois, depuis le président Soglo en 1990, en passant par des ministres comme Amadou Ndiaye, Désiré Vieira, ou Pascal Irénée Koupaki, ce fin commerçant a réussi à prendre au bon moment le vent de la privatisation des sociétés d'état suite aux injonctions des institutions internationales. Il parvient à prendre le contrôle du marché du cette noble matière, mais aussi de la filière des traitements phytosanitaires, des semences et des usines de transformation des résidus, comme l'huile végétale de coton. Sous l'ère Boni-Yayi, qu'il a soutenu et financé pour ses deux campagnes, il récoltera en remerciement pour ses bonnes grâces la direction du programme d'état en charge du contrôle du marché cotonnier et de ses dérivés, le fameux P.V.I., ce qui deviendra source d'embrouille avec le pouvoir à partir de 2011. En matière de privatisation, il est rare d'en avoir observé d'aussi totale, lol ! Talon est réellement le roi incontesté et incontestable du coton, puisqu'il contrôle à la fois la production, la transformation, les importations d'intrants et qu'il se voit en même temps confier la charge de la régulation & vérification étatique du marché. En matière de compétence économique, Boni-Yayi a fait très fort ; on voit qu'il a été à la bonne école ultra-libérale... En toute hypothèse, et grâce à lui, Talon a eu tout, jusqu'au jour où…. catastrophe, leur relation amicale s'est envenimée, et qu'il ait dû fuir à Paris et Washington sous la menace d'un procès en sorcellerie dans lequel le Président lui-même s'est ridiculisé et fut contrecarré par les juges. Depuis, et en dépit d'un « pardon » proclamé, les deux hommes se vouent une haine personnelle tenace.
Évidement, Patrice Talon n'est pas très prolixe sur ces petits arrangement entre amis lorsqu'il tient des réunions électorales. Il préfère parler de rupture. Il a raison. Étymologiquement, il s'agit d'une vraie rupture entre lui et le pouvoir de Boni-Yayi, comme un couple qui vient de divorcer. Mais de rupture politique avec un système qui consistait à favoriser les affaires des ses amis avec l'argent et les moyens de l'état, il aura du mal à faire passer la pilule aux béninois. Ces derniers temps, d'ailleurs, l'homme ne se déplace que très peu, préférant appuyer sa campagne sur les réseaux sociaux, et spécialement ceux des jeunes étudiants qu'il a réussi à faire rêver en leur racontant sa « success story ».
Classé parmi les plus grandes fortunes d'Afrique, Talon est un quasi-inconnu pour beaucoup de béninois qui n'ont encore jamais vu l'homme mouiller sa chemise pour ses compatriotes en difficulté, ou bien ouvrir son porte-monnaie pour des choses, des actions ou des services à caractère social.
A mes yeux, en tout cas, Patrice Talon, c'est le Bernard Tapie du monde politico-financier béninois, cad beaucoup d'intrigue, d'entregent, beaucoup de bobards, un physique d'acteur, le goût du fric et de la frime mais peu de sincérité, de générosité réelles.
Mon pronostic ? Recalé dès le premier tour.
[à suivre]
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