dimanche 10 avril 2016

Abdoulaye Bio-Tchané

28 février 2016


Abdoulaye Bio-Tchané jouit d'une excellente réputation, tant au niveau économique que moral. Né dans une famille où le père, tour à tour enseignant, administrateur, ministre, brillait de mille feux, où la mère se consacrait à l'éducation des enfants, et où une belle-mère l'emmenait à la messe après l'école coranique, cet homme a été élevé dans une double culture, et il en restitue aujourd'hui une ligne combative en faveur de la promotion des femmes dans la cité et leur « autonomisation », comme il dit. Programme ambitieux de celui qui a fait sien un vieux proverbe Yorouba : « La femme est comme le sel dans la sauce. »
Ainsi bien élevé, il a réussi de brillantes études, et par suite un parcours professionnel sans faute, dévoilant de grandes qualités professionnelles et humaines, reconnu pour ses compétences et sa probité. Profession : économiste. Encore un ! Passé par la grande banque des États d'Afrique de l'Ouest avant d'être nommé ministre par Mathieu Kérékou, mandat au cours duquel il rétablit les comptes publics et remet le Bénin sur le chemin de la croissance, appliquant les bonnes vieilles recettes du FMI et de la banque mondiale, celles qui dopent les multinationales et enfoncent les états dans l'endettement : je vous aide, mais à une condition : privatisez, privatisez, c'est la bonne vieille règle des institutions.
Rien à dire, aux yeux de la haute finance, ce candidat réunit un ensemble de qualités appréciables, d'autant qu'on peine à lui trouver des ardoises ou des cadavres dans le placard. En bon exécutant, on n'oubliera cependant pas son rôle dans la dévaluation du franc CFA, qui lui vaudra d'accéder au poste de Directeur Afrique du FMI. Bref, on l'aura compris à la lecture de son CV, il est l'homme des institutions financières internationales dont la passion c'est d'avoir raison en tout, toujours et partout, comme l'écrit Orsenna.
Doté d'une telle expérience, c'est un homme qu'on écoute lorsqu'il expose son programme et qu'il promet de créer 500 mille emplois en cinq ans pour un coût de 50 milliards par an, et ceci sans augmenter le nombre des fonctionnaires. Je lis, j'écoute… il a sa recette, il sait même se montrer convaincant. Mais à un vieux chibani comme moi, on ne raconte pas des histoires : les promesses électorales n'engagent que ceux qui les croient, moins ceux qui les tiennent, c'est un axiome partout vérifiable.
Si je devais le comparer, je dirais que c'est une sorte d'Alassane Ouattara béninois, mais pourvu d'une corde sociale sensible dont il est prêt à jouer pour soulager les populations pauvres.
Ce sera donc sa seconde candidature, son second essai ; il avait réalisé un petit score de 7 % en 2011, arrivant tout de même en troisième position. Aujourd'hui, il fait figure de candidat qui garde le potentiel d'accéder au second tour, bien soutenu au nord du pays et du coté du centre, mais aussi par une frange de l'électorat assez captive et friande de son programme : les jeunes, les femmes, et – plus largement – tous les hommes et femmes désireux de tirer un trait sur la corruption et le favoritisme. Sans compter, bien sûr, les musulmans du pays. Il est – amha – capable d'être la surprise inattendue, une surprise qui – si elle se produisait – recueillerait ma bienveillante attitude, car l'homme est fondamentalement bon.
Mon pronostic, cependant : recalé de justesse, devra revenir en 2021.
[à suivre]

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