3 décembre 2015
Ce soir, à l'auditorium, Kangni Alem est l'invité de l'Institut Français de Cotonou, venu présenter son dernier roman : « La légende de l'assassin. » publié chez Lattès. Je ne connaissais pas cet auteur togolais, passé d'un doctorat en littérature à l'exercice de la comédie et même l'écriture de pièces et nouvelles ; de retour à Lomé, où il enseigne, il donne d'emblée le ton, celui d'un homme libre, qui ne se laisse pas conter des sornettes et rigole aux étiquettes dont certains l'affublent. Lisez mes romans, nous dit-il. L'écrivain ne vaut que par ce qu'il produit sur le papier. Par où commencer pour suivre ce conseil ? J'avais acquis, tout à fait au hasard, mais aussi parce que le titre évoquait en moi, en filigrane, l'histoire du Dahomey, son avant-dernier roman « Esclaves. ». Mais ce soir, nous avons droit à une explication sur une vieille affaire judiciaire qui s'est réellement déroulée voici trente ans dans le pays, un pays sous la dictature. L'avocat pénaliste chargé de défendre l'accusé, le meilleur dans sa spécialité, va perdre le procès. Trente plus tard, il repart sur les traces du crime, du jugement et de l'exécution du condamné pour tenter de comprendre. La narration se fait de façon alternée : question du critique – réponse de l'auteur. On traverse toutes sortes de sensations : etonnement, rire, tristesse, révulsion. On ne s'ennuie pas une seconde. Il faut dire que Kangni Alem dispose d'un verbe riche, il fait voler les mots, les expressions,, tout ça virevolte en permanence. Au surplus sa maîtrise du métier de comédien, fruit - très probablement - d'un excellent apprentissage de l'élocution, donne à son expression une couleur chatoyante, plaisante, on ne se lasse pas de l'écouter parler ; il n'y a pas seulement ses intonations, il y a aussi les gestes de ses mains, de ses bras, ses mimiques, ses rires, et sa façon de boire une goulée d'eau entre deux phrases. Manifestement, il joue de cet échange, comme il jouait sur les planches, comme il joue, c'est certain, devant ses étudiants. Non, il ne joue pas ; il est vrai.
Ah, oui, vraiment, une soirée très agréable et un auteur à découvrir !
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