20 janvier 2016
Aventures à deux ou quatre roues.
Au cours de mes différents voyages à Cotonou en 2014 et 2015, je me déplaçais en zem, puis sur une petite moto chinoise acquise à Zogbo. Ah ! Le « zem », toute une histoire… Il s’agit de taxis-motos qui vous prennent au bord de la voie, là où vous vous trouvez, et vous déposent à destination, devant votre porte ; et ils sont facilement reconnaissables, car les « kénékons » (les hommes à moto) portent tous un gilet jaune fluo avec leur numéro ; le prix de leur course se négocie au départ mais il tourne habituellement entre 200 et 1000 Francs CFA selon la distance. Ce moyen de transport est devenu tellement prisé qu’il a désormais droit à sa notice sur l’encyclopédie Wikipedia, laquelle nous explique que le « Zémidjan » signifie littéralement « emmène-moi vite » ou encore « prends-moi brusquement » en fon, la langue du sud du Bénin. Beaucoup de jeunes étudiants exercent ce métier en dehors de leurs heures de cours, histoire de se faire un peu d’argent de poche et pouvoir subvenir à leurs besoins. Très pratique, en tout cas, pour circuler rapidement en ville, tant les gossolos sont pénibles aux heures de pointe. Qu’est-ce que le « gossolo » allez-vous encore me demander ? Eh bien je m’interroge encore. Amha, (i.e. A Mon Humble Avis) il s’agit d’un détournement en fon de l’expression anglaise « go slow », ce qui se traduirait en français par « embouteillage ». Je trouve – personnellement – que le terme « gossolo » a davantage de charme. Alors, en ces moments, on peut voir et admirer le talent des conducteurs de zems qui parviennent à se faufiler entre les files de voitures ou forcer la priorité sur un rond point ! Car à Cotonou, pour avancer, si vous n’êtes pas capable de vous engager sur un passage et de vous imposer, il vaut mieux rester à la maison. Tout cela se passe cependant dans la meilleure ambiance, rarement un mot grossier ou une insulte, mais des sourires, de la courtoisie. Finalement, après un exercice de quelques mois de conduite, j’ai rapidement compris que ce qui permettait à la ville de conserver un peu de fluidité routière sur ses grands axes, c’était la rareté des feux rouges, la vitesse modérée des véhicules et le non respect du code de la route.
Alors dans le gossolo que je fréquente désormais au volant de ma voiture (à mon grand regret d’ailleurs, mais force est de reconnaître qu’à mon âge, elle constitue un moyen de déplacement plus sécure), il y a intérêt à savoir se montrer patient et avoir une climatisation en ordre de marche, sinon, entre la sueur qui vous dégouline de partout et les fumées d’échappement que vous respirez, vous n’aurez aucune envie de songer à des choses positives mais plutôt de fulminer et vous emporter. L’autre avantage appréciable, c’est la boite de vitesse automatique qui vous permet d’avancer aisément des quelques mètres nécessaires pour recoller au véhicule qui est devant, pendant que les zems profitent des intervalles et se faufilent et que les petits vendeurs de rue viennent vous proposer leurs chinoiseries à la vitre de portière. Je vous l’assure, c’est un spectacle très curieux. A voir absolument !
L’achat d’une voiture, c’est une affaire qui se passe au port, dans les entrepôts sous douane. Cotonou bénéficie d'un port en eau profonde, réalisé et achevé dans les années 60 ; avant que ne soient domptés la « barre » et les sables, il y avait un wharf qui fut construit entre 1891 et 1899, qui s'avançait en mer, et au bout duquel des pirogues chargeaient passagers et marchandises pour les amener plus au large, à bord des grosses embarcations. Plus avant encore, il n’y avait rien à Cotonou, et les échanges se faisaient à partir de deux autres ports du Bénin : Grand-Popo, aujourd’hui une belle station balnéaire, et Ouidah, l'ancien port d'où étaient embarqués les esclaves pour l’Amérique. Aujourd'hui, avec son gigantesque port, Cotonou occupe une place de toute première importance au niveau de la sous-région dans l'importation et le transit de véhicules d'occasion ; les parcs de vente abritent des dizaines de milliers de véhicules de toutes sortes et connaissent - depuis les 80' - un essor considérable, faisant vivre un important secteur formel et informel, des milliers de travailleurs, des familles. Tout le monde se presse pour arpenter les kilomètres de rangées de bagnoles, négocier le bon prix, s’arranger avec la douane : on y croise beaucoup de commerçants nigérians, les valises pleines de naïras, mais aussi burkinabés à la recherche d'un camion de transport, des maliens en quête d'un bon camion-plateau, et bien sûr des béninois à la recherche du 4x4 familial qui va leur permettre de balader la petite famille, ou – pourquoi pas – frimer en ville, car les gens d'ici aiment beaucoup les 4x4 et force m’est de reconnaitre que l’état de certaines voies ou pistes rend parfois aléatoire l’utilisation de simples berlines.
En avril dernier, je m’étais donc prêté au jeu de voir ce qu’il en était. Assis à l'arrière sur la moto d'un ami, j'avais parcouru quelques allées d’un parc, pas toutes, je n’allais pas y passer ma vie, d'autant que ces parcs sous douane sont multiples, il en existe une bonne vingtaine. Et de fait, on y trouve vraiment tout ce que l'on veut ; demandez et vous obtiendrez, tel pourrait être le slogan. Lorsque l'on s'arrête devant l'objet désiré, voici qu'accoure le négociateur. Il avait dû nous voir arriver, surtout moi, un « yovo » sur une moto, et devait nous épier du coin de l’oeil. Ouverture des portes, démarrage, et début de discussion. En afrique, il faut savoir discuter, et je dois vous avouer qu'à ce jeu, je ne suis pas très bon. Finalement nous ne conclurons pas. J'étais surtout venu faire un round d'observation. En sortant, je m’étais fait brancher par un importateur libanais sur un Highlander Toyota, un prix intéressant pour ce type de véhicule, mais là encore j’avais décliné, car l’heure de mon acquisition n’était pas arrivée.
Elle vînt en novembre dernier, lors de retour, et le contact que j’avais en vue pour me dégoter la perle rare, un Toyota RAV4, se trouvait être alors en déplacement ; je ne pouvais plus attendre et me suis rabattu sur des véhicules sortis du port et dédouanés. Une connaissance m’a orienté vers un vendeur de rue très sympathique chez qui j’ai opté finalement pour une Honda CRV boite automatique, après un essai réalisé avec l’assistance d’un mécano qui m’avait été recommandé. A ma grande honte, il faut que je vous dise que son service fut superflu, car en peu de jours d’utilisation je pointais déjà les points faibles de la voiture : les amortisseurs et le train avant, l’échappement. Coté motorisation, tout était OK, mais il m’a fallu procéder à quelques réparations, et celles-ci n’ayant pas été bien faites, j’en projette de nouvelles qui seront effectuées lors de mon prochain voyage à Paris début février. Bon, je suis philosophe : je ne peux blâmer ni le vendeur qui m’a permis de faire examiner la voiture avant l’achat, avec un essai routier concluant, ni les mécanos, des gars bien, mais qui n’ont pas eu la présence d’esprit de regarder le dessous de la voiture. Je prends donc ces aléas pour ma pomme, rien de bien grave au demeurant. Ca roule. Ce n’est qu’une voiture…
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