lundi 24 octobre 2016

Soma

Lundi 24 Octobre 2016

Soma.

« Soma, en grec ancien, désigne le corps. Nous somatisons lorsque nous avons tendance à éprouver ou à exprimer une souffrance physique en réponse à un stress ou un traumatisme psychique. […] On parle de maladie psychosomatique lorsqu’une pathologie physiologique semble avoir pour cause un problème psychique. »

Bon, me voilà donc renseigné sur l’origine (inexplicable au départ) de mes calculs biliaires !

En discutant avec le toubib, puis en piochant la toile, je suis parvenu à comprendre le processus qui en est la cause. Nous avons un esprit conscient, rationnel et analytique, et un esprit dit « subconscient ». De par cette dualité, nous sommes donc parfois amenés à connaître des situations contradictoires : d’un coté, nous avons mis tout en place pour nous sentir bien, mais notre subconscient vient contrarier ces bonnes dispositions.

Cet esprit subconscient est alimenté par nos expériences émotionnelles, qu’elle proviennent de soi-même ou de l’entourage. Elles activent des soucis, des peines, voire de la souffrance intérieure. Puis, arrivent les véritables blocages : manque d’appétit, de sommeil, etc... La santé physiologique dépend donc en grande partie de l’activité de notre esprit face à la vie quotidienne et aux situations diverses que nous sommes amenés à rencontrer. C’est donc à partir de cette partie (subconsciente) de notre esprit, là où sont gérés des problèmes, que notre corps va se mettre à somatiser.

Pour guérir notre « soma , il convient – selon les spécialistes – de « générer un changement dans notre manière de voir le monde ... de découvrir le chemin qui va permettre à notre esprit de générer des attitudes, des symptômes, des évolutions, des pensées et des sensations de bien-être. Cette opération est rendue possible par diverses techniques, de la thérapie psychologique aux techniques de restructuration cognitive, en passant par l’hypnose. »

Perso, je me méfie de ces techniques ; l’expérience (faite) m’a plutôt démontré – a contrario – qu’elles ne me permettaient pas de reprogrammer mon esprit de la bonne manière. J’ai apaisé mes propres difficultés du passé par la rencontre avec un prêtre et la redécouverte du chemin de la foi chrétienne, et la conclusion - en ce qui me concerne – en fut très bénéfique. C’est en arrivant au Bénin que je me suis mis à somatiser, non pas sur mes problèmes, mais sur ceux des autres.

La maîtrise de mon subconscient passera davantage par un éloignement des causes qui l’assaillent. Sans vouloir me montrer totalement insensible aux misères qui m’entourent, il ne faudrait pas qu’elles me submergent, et – pour cela – s’en éloigner me paraît être la seule voie de sagesse. Pour reprendre le contrôle de mon esprit, j’ai décidé – donc – de me prémunir envers toutes les situations susceptibles d’être source d’angoisse ou de souci.

Je me dis que c’est peut-être un peu égoïste de ma part, ce manque de compassion, mais voilà… si je n’étais pas là, les gens feraient autrement pour trouver réponse et solution à leur propre problème, au lieu de les ramener vers moi. Et puis la santé, c’est important.

Diriger mon esprit, plutôt que de le laisser se submerger au gré des aléas, redécouvrir toutes les capacités dont je dispose pour retrouver un équilibre, et me consacrer en priorité à mes hobbies : la marche, la littérature, mes travaux de généalogie.

lundi 12 septembre 2016

Remenber : 11 Septembre

11 Septembre : l’Anniversaire à ne pas manquer.

Actualité très dense en ce 11 septembre 2016 : la campagne américaine, les primaires en France, la trêve en Syrie, enfin… peut-être !

Reprenons.

Alors que nos chaînes télé avaient toutes missionné leurs envoyés spéciaux à New York pour la célébration du 15ème anniversaire des attentats du WTC, voilà-t-il pas que Dame Hillary nous fait un malaise devant les caméras des équipes de tournage. Sa reconduite à la voiture, soutenue par deux garde de corps, donne une idée de l’importance du « coup de chaud » qu’elle a subi sous ce plombant soleil d’automne. Ah, non ! On me dit dans l’oreillette qu’il ne s’agissait pas d’une insolation, mais d’une pneumonie, dont elle souffre depuis vendredi dernier. Sans blague ? Qui n’a pas encore à l’esprit son accident cérébral en 2013 ? Il semblerait que le staff de campagne de la candidate ait prévu les services d’un bon Docteur Gubler : rassurez-vous, chers américains, Madame Clinton est en pleine forme, et son bilan de santé est parfait !

Pendant ce temps, nul ne songeait à avoir une pensée pour un autre 11 septembre : celui de 1973, où une opération Condor américaine permettait à un général argentin de faire un putsch qui occasionnera 60.000 morts civils. Correspondance des dates, Bruno Guigue publiait aussi, en ce 11 septembre, un excellent billet, duquel je retiens cette remarquable sentence : « Le plus étonnant, au lendemain de l’attentat, fut l’étonnement américain. Cette nation qui impose son hégémonie au reste du monde découvrit alors, stupéfaite, qu’on pouvait la détester. »

Chez nous en France, les ténors politiques de la droite n’avaient pas attendu le 11 septembre pour gratifier le bon peuple du spectacle : il avait débuté en peine villégiature aoûtienne des français, avec le burkini, pour lever le rideau sur douze ou treize candidats de la droite et du centre aux « primaires ouvertes », tous unis entre eux, mais tous désireux d’être le calife à la place du calife. Il faut dire que le sujet était chaud : une poignée de femmes en combinaison moulante refusaient d’exposer leurs fesses aux yeux de tout le monde sur des plages françaises, ce qui méritait bien la prise d’arrêtés illégaux par une police des mœurs montée au front des médias. Elles aiment ce genre de débat, nos chaînes d’info. Patatras ! En l’absence de réel risque de trouble à l’ordre public, le Conseil d’État disait le droit : la liberté est la règle : l’interdiction, l’exception.

Mais ce 11 septembre, se jouait l’acte II de cette grande comédie française : la réunion des « frondeurs » à La Rochelle. Alors là, mes amis, c’était le top. Ils savent tous qu’aucun d’entre eux n’a la moindre chance d’accéder au second tour, mais ça ne les empêche pas de se ridiculiser en réclamant une union de toute la gauche et une primaire totalement ouverte. Comme si notre Capitaine de pédalo, oui, celui qui tient la barre du France, allait se barrer lui-même ! Que nenni ; il a pris tout le monde court en faisant son discours de campagne Salle Wagram, déclamant une série de poncifs. L’excellent Christian Vanneste, dans son blog, nous expliquait avec humour que ce n’était pas Wagram, mais Waterloo : « Hollande a tenu devant le dernier carré de ses fidèles un discours qui n’a été qu’une morne plaine de lieux communs et d’idées creuses dont il nous rebat les oreilles depuis plus de quatre ans. »

Moi, j’ai surtout noté le gros mensonge de Hollande : la barbarie nous aurait déclaré la guerre… Chronologiquement, c’est totalement faux. C’était en 2014, vers le mois de juin je crois, que notre Amiral en Chef a unilatéralement décidé d’entrer dans une coalition pour aller bombarder un pays, l’Irak, où se développait un État Islamique qui – ô comble de l’horreur – décapite des opposants, des journalistes américains, liste non exhaustive. Et ce n’est que deux mois plus tard que le Calife dudit état, un vrai Calife celui-ci, lui a répondu en annonçant que des combattants allaient répliquer à la déclaration de guerre de la France, en portant le combat sur notre territoire, et plus largement, contre les intérêts français à travers le monde. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi Hollande a déclaré la guerre à « Dashe » (c’est ainsi qu’il prononce) alors que dans le même temps il continue à vendre de l’armement à sa maison-mère, l’Arabie Saoudite ? Et je ne reparlerais même pas, ici, de la Légion d’Honneur remise au Prince saoudien… De temps en temps, je me prends à penser que les Suisses ont bien raison de faire preuve de neutralité, de ne pas suivre les États-Unis comme un caniche. Il faut dire que – en Suisse, mais aussi dans beaucoup de pays – pour déclarer une guerre, il faut l’assentiment du parlement fédéral. Pas en France, il semble !

J’en termine par cette trêve qui devrait intervenir en Syrie en ce jour de Tabaski. Cet excellent Lavrov est parvenu à négocier un accord de cesser-le-feu avec les américains, lesquels – fidèles à leur détestable attitude de donneurs de leçons – ont soumis la mise en place d’un centre opérationnel commun russo-américain à la réussite de cette trêve pendant au moins huit jours, de la part de toutes les parties prenantes. Le gouvernement syrien a approuvé le plan, la Turquie s’en félicite également.... Et patatras, ce matin, on apprend que les groupes rebelles, alliés aux américains, refusent la trêve. John Kerry va avoir du boulot.


Allez, assez rigolé pour aujourd’hui ; je continue à profiter du spectacle depuis mon balcon-terrasse, face à la mer. J’ai oublié Macron, mais j’y reviendrai ; pour l’instant c’est une énigme.

dimanche 17 juillet 2016

France : attentats et insécurité. Que de questions se posent...

17 Juillet 2016

Me revoici, après une assez longue absence. Non pas de Cotonou, mais de ce blog. Et en plus, je rédige ce billet depuis Marseille où je me trouve depuis presqu'un mois. Au lendemain de cet abominable attentat à Nice, qui a causé de très nombreuses victimes innocentes et glacé le sang des populations.

J'y penses, j'y réfléchis, et je me dis que nous avons décidément la mémoire bien courte et la vue bien étroite… De telles abominations sont en effet la quotidienneté (ou presque) des citoyens d'Irak ou de Syrie. Il faudrait aussi se remémorer celles du Bangladesh, d’Égypte, de Tunisie, de Turquie et on pourrait étendre notre inventaire à la Côte d'Ivoire, récemment touchée, au Burkina Faso, au Mali, j'en oublie sûrement.

Je ne m'attarderai pas sur les faits. Ils sont connus. Mais sur le vide sidéral qui a atteint le bulbe d'une jeunesse de banlieue à qui il n'est offert comme idéal et comme fondements de l'âme et de l'esprit que le consumérisme né de la mondialisation, les jeux du cirque diffusés par des programmes de décervellement télévisés et des espérances de bonheur anéanties par une crise économique majeure en Europe. Il n'est donc guère surprenant que de plus en plus de mecs pètent les plombs en répondant à une demande de l’État Islamique, lequel n'a d'islamique que le nom, tant il est patent que cette organisation mafieuse prospère pour le bénéfice de quelques uns par des trafics de toutes sortes. Et l'on peut donc comprendre pourquoi elle frappe indifféremment ses ennemis, qu'ils soient - comme on dit – chrétiens ou mécréants, ou bien musulmans. Statistiquement, c'est cette dernière catégorie qui compte le plus de victimes au compteur.

Il me plaît d'évoquer en second lieu le vide sidéral d'intelligence parmi la quasi-totalité des responsables politiques, de droite comme de gauche, ils sont pareils. Croire un seul instant que le fait d'augmenter nos frappes aériennes sur des cibles au Moyen-Orient allait diminuer les attaques, directes ou indirectes, de Daesh sur le sol français, c'est avoir le cerveau ramolli ; ils ont monté le niveau des frappes après Charlie-Hebdo, après le Bataclan, or ça n'a pas empêché que Nice se réalise !

Penser que le bon moyen pour mettre fin à ce cycle (qui – amha – ne va faire que s'accélérer), consisterait à augmenter à l'intérieur le niveau de protection et de surveillance relève également de l'idiotie la plus totale. Les soldats de Daesh auront toujours un coup d'avance en inventant une nouvelle méthode, en s'attaquant à des cibles non protégées. Bref, j'attends encore LE « responsable politique» qui proposera de mettre en route un programme nouveau, lequel se concentrerait sur les causes du mal, sur la politique nouvelle à entreprendre, plutôt que sur les moyens d'en parer les effets.

Vous l'aurez compris, je ne suis guère optimiste pour la France. Mais – comme on nous le répète – « c'est la guerre ». Sauf que la guerre, il ne fallait pas la déclencher. Il eût mieux valu consacrer les milliards que nous coûte cette guerre à faire la paix, à établir la concorde, mais manifestement ce type de diplomatie est inconnu chez les zozos qui nous gouvernent. Il faut reconnaître pour leur défense que la guerre a toujours et de tous temps permis d'enrichir les fabricants d'armes et les banquiers, et que notre gouvernement est servilement dévoué à ces lobbies. Inutile donc de rêver à une diplomatie de paix ; la guerre est nécessaire pour faire tourner l'économie du monde.


J'aurai encore voulu coucher par ici quelques propos sur ma vie cotonoise, comme par exemple cette belle mission Jar'Nati en mai-juin 2016 ; j'y reviendrai. Mais pour l'heure je me limiterai à ces observations peu enthousiasmantes pour l'avenir de la France et la vie des français. J'ai hâte de rentrer au Bénin.

mardi 12 avril 2016

In Memoriam


Nous sommes tous là réunis autour de Francine en ce jour d'avril 2009.

Si elle le pouvait, elle nous dirait : « Mais n'avez vous rien de plus urgent a faire ? »

Alors je me souviens, Maman, que chacun de nous t'a - un jour - écrit quelque chose qui explique pourquoi nous sommes là...

Pour Vincent et Rémi «Nous sommes là parce que nous t'aimons.»

« Tu as un esprit de fer, tu sais prendre tes responsabilités. », disait Frédérique.

« Tu as toujours été là chaque fois que nous en avons eu besoin ; à notre tour nous sommes tous là aujourd'hui. », précisait Anne.

« Je t'aime et tu seras toujours en moi. », t'écrivait Erika.

Rudolf pensait que tu « symbolisais l'union de notre famille. »

« Mais arrêtes de te faire du mauvais sang pour nous. », ajoutait David.

« Tu es une super mamie, pleine de ressources et d'énergie ; tu te sacrifies pour nous tous », t'écrivait Yann, tandis que Stéphane te remerciait d'avoir su « faire attention à lui tout au long de son évolution. »

Ivan, lui, se souvient « des soirs d'été où il allait dans les sentiers de Paris avec toi. »

« Qui - mieux que toi - sans parler, sans commander, a su nous comprendre, nous écouter, nous sourire et nous encourager ? » te disait Thérèse.

François avait repris pour toi cette phrase de Cabrel : « elle vit tout doucement sans jamais s'écarter des mots que Dieu lui a dicté ».

Ton petit Pierre, avec Maguy te disait : « je t'aime ainsi, telle que tu es.»

« Tu as su nous transmettre l'attachement familial et l'amour fraternel qui demeurent plus vivants et forts que l'adversité des temps présents. », t'a écrit Robert.

« Tu as su tisser entre nous des liens inaltérables, acceptant par amour que nous bouleversions ton système de valeurs. », a dit alors Eliane.

« On sera toujours là, pour toi, qui nous a tout donné. », ajoutait Marie France.

Maurice te disait « espérer transmettre à ses enfants, comme tu l'as fait pour nous, la valeur des choses de la vie et de la famille » et restait « interrogatif sur tes pensées profondes. »

Que dire de plus ? Tu fus une femme discrète, mais engagée, ayant des idées sur toutes les questions sociétales et religieuses, et pourtant tu as su dépasser tout cela pour nous abreuver de ton amour et accueillir tous nos chemins, si différents du tien par moment.

Nous te disons merci et prends soin de nous là haut.

L'Information et l'Opinion Publique telles que nous les subissons.


[ rédigé à la mémoire de Jean Madiran, qui a contribué à la formation de mon esprit dans ma jeunesse.]

Lecture du Figaro à la suite de l'exhortation apostolique du Pape François Amoris Laetitia… « C’est officiel, le pape François entrouvre une porte de l’Église qui était jusque-là fermée aux divorcés-remariés. » !

Tous les médias se sont jetés en pâture, comme des morts-de-faim, sur les passages concernant les divorcés-remariés, suggérant que l’Église faisait son début de révolution, amorçait son profond changement. Je me marre.

L'information a pris, de nos jours, une importance exceptionnelle, mais est-elle bien sérieusement traitée ?

De l'information, au sens premier, du latin « informare », il s'agissait de « donner forme », au sens philosophique, que ce soit à une matière ou à une idée. Au sens second, il s'agit d'un terme juridique encore en usage, l'information étant l'ensemble des actes qui tendent à établir les détails d'une infraction ou d'un délit. On peut y donner un troisième sens, celui qui consiste à prendre des renseignements ; beaucoup de services d'état ont pris nom de service d'information. Ce n'est que plus tard qu'elle a signifié la recherche et la diffusion de nouvelles. De cet ensemble de définitions, il est facile de voir que l'information peut revêtir des aspects parfois divergents, entre neutralité, objectivité, poursuite du bien commun i.e. élever l'esprit en l'instruisant, et - a contrario – partialité, secret, filtrage des faits, pour ne retenir que l'essentiel, et donc manipulation des esprits.

L'opinion publique, elle, se prend pour « la reine du monde » (Pensées de Pascal), recherche l'extension de sa puissance, à l'instar d'une nouvelle religion, la religion de l'information, cette religion des temps du numérique. A l'origine, c'était la « rumeur », un avis répandu par les hommes et par le temps, éloigné de ce qui est objectif et certain, j'ai nommé le « savoir ». Les philosophes se sont exprimés sur ce monstre qui « gouverne le monde », de Voltaire à D'Alembert et Chamfort, lui qui résumait la chose ainsi ;: « L'opinion est la reine du monde parce que la sottise est la reine des sots. ». Je ne puis qu'applaudir à une telle sentence.

La question qui se pose est : qui sont les maîtres et les esclaves de l'opinion publique ? Sont-ce les philosophes, les écrivains, les penseurs, les journalistes… qui fabriquent l'opinion ou – inversement – ces gens là ne sont-ils pas dans la situation où ils « suivent » l'opinion, au lieu de la guider ?

La seconde question est alors: si l'opinion publique est forgeable et constructible, quid des dogmes, croyances, erreurs et préjugés qui la caractérisent ? Question terrible, car dans un climat où l'opinion publique est reine du monde, il faut beaucoup de courage et d'énergie pour ne pas la flatter davantage, aller dans son sens, ne point la contredire, ne pas s'y opposer… sous peine de passer pour un réac, un complotiste, un incroyant ou que sais-je encore. Une sale maladie ! Comment en guérir ?

L'Histoire nous répond. En face d'une opinion publique qui se prosterne aux pieds de ses idoles, la liberté, le progrès, la civilisation moderne (les idées issues de la Révolution) il y eut quelques Papes et autres philosophes chrétiens qui ont balayé le naturalisme de ces notions et replacé Dieu au centre. Pie XII par ex. en disait qu'elle était «  une impression factice et superficielle, rien d'un écho spontanément éveillé… d'un conformisme aveugle et docile des pensées et jugements.» Mais la substance réelle de leur opposition ne parvint jamais à faire diminuer l'influence de l'opinion publique dans les sociétés. D'où il ressort clairement qu'il n'est pas possible de s'en guérir par des moyens du même ordre que l'opinion : la parole, l'enseignement, la controverse, le débat, le dialogue. L'opinion publique est hermétique à tout cela, imperméable aux arguments, rivée dans son état d'auto-suffisance, d'auto-certitude, d'auto-satisfaction, jugeant de tout mais ne voulant pas être jugée.

Reste donc un méthode encore possible : l'information.

La « presse d'opinion », avec ses éditoriaux et chroniques de réflexion bien fouillés, a presque totalement disparu de nos jours, remplacée par une « presse d'information » dont le but premier est de vendre ou faire de l'audimat.

Alors… la diffusion de nouvelles ? Les chaînes d'info en continu nous ont habitué à attendre toujours, en permanence ce qui est nouveau, ce qui vient de se produire. Un journal qui afficherait en titre ou en manchette « Rien de nouveau aujourd'hui » n'aurait assurément aucune chance d'être lu ou écouté.

Annoncer que Poutine viendrait d'être renversé, ça ce serait une nouvelle ; en revanche, le fait de dire que la Russie ne change pas d'un iota sa ligne de politique étrangère n'intéresse personne.

Dire que les Cardinaux ont évoqué le possible mariage des prêtres, ou que le Pape a ouvert « une porte aux divorcés remariés », voilà une info qui se vend bien ; mais rappeler que le St. Siège ne change rien sur le plan de la doctrine, invite juste au discernement, rappeler que les portes de l’Église sont ouvertes depuis plus de vingt siècles, dans la permanence de ses commandements, ce n'est pas de l'information pour nos journaleux.

Il y a donc l'information telle qu'elle est attendue, espérée, tentation pour l'informateur d'en faire des plats énormes, d'y mettre l'accent, de grossir le trait… au détriment de ce qui reste durable, permanent. L'esprit de « l'informé » s'habitue progressivement à considérer que la seule information qui vaille, c'est le changement, tout ce qui change dans l'univers, une sorte de mouvement perpétuel qui relègue dans l'ignorance des nouveautés plus réelles, plus profondes : les idées, et la permanence des idées.

Je viens de parler de « l'informé », l'homme informé est un homme qui sait, il devrait – logiquement – être informé du fait brut, par ex. « le pape est mort. » là au moins, cette nouvelle est vraie ou fausse dans l'absolu. Mais si l'info reçue est « le Pape vient de publier une exhortation apostolique. » l'essentiel de l'information lui manque. Or, combien de fois l'informé ne fait même plus attention à cela ? Un homme informé n'est informé ni de seconde main, ni par des résumés.

Le Pape, en Bon Pasteur, vient juste de rappeler que l’Église ouvrait la porte de nos coeurs, pas une porte aux idées révolutionnaires. Dommage pour nos « informateurs » officiels et patentés.

dimanche 10 avril 2016

Pâques 2016 à Fidjrossè

Pâques 2016


Début de la Semaine Sainte 2016 à Cotonou. Ce matin, je pars faire un tour à la paroisse Saint-François d'Assise de Fidjrossè où j'assiste habituellement à la messe dominicale, dans l'intention de voir quels sont les horaires de confession. Dimanche dernier, dimanche des Rameaux, ils n'avaient rien annoncé, contrairement à la semaine précédente où ils avaient indiqué deux après-midi de la semaine, jeudi et samedi. Renseignements pris, point de confessions cette semaine en raison de la charge considérable de travail de préparation de la fête pascale, processions, chemin de Croix, les chorales à gérer, le chapiteau à monter, les veillées à organiser...etc. Le Père MIANTE, par téléphone, m'explique tout ça, et me convie à passer un matin quérir l'un des Pères, ce que je compte bien faire.
Occasion m'est ainsi donnée de me pencher sur l'histoire de cette magnifique et dynamique paroisse, construite dans un style brésilien par l'architecte Capo-Chichi Innocent, figurant un symbole de la minimité franciscaine, ‘Une grande croix au dessus et l’église couchée en bas comme Jésus sous la croix’ , ornée de fresques murales réalisées par un moine de l'Abbaye de Solesmes, ce qui ne manque pas de me remettre en communion avec mon vieil oncle de cette ordre, le Père Marcel Burlat, disparu en septembre dernier à l'age de 100 ans.
L'ordre missionnaire qui gère cette paroisse est « combonien », i.e. issu de l'activité pastorale de Daniel COMBONI, prêtre italien du XIXème, évêque en Afrique Centrale et à Khartoum, où son apostolat magnifique lui valut d'être canonisé en 2003 par le Pape Jean-Paul II. Cet ordre est présent sur tous les continents, et particulièrement au Togo, Ghana et Bénin ; le Père MIANTE en est le Supérieur Provincial.
La paroisse, et l'église, furent édifiées depuis celle du Bon Pasteur, à partir des années 1970, lorsque le quartier de Fidjrossè commença à se peupler. Elle fut bâtie sous le patronage de St. François d'Assise, qui – il faut bien le reconnaître – lui apporta grande protection eut égard aux aléas du temps et aux grand nombre de catéchumènes, de baptêmes et de vocations qui furent suscités grâce à elle et aux Pères Comboniens. Elle fête Saint Daniel Comboni chaque année le 10 octobre.
Je suis toujours extrêmement frappé – lorsque j'y pénètre – par l'ambiance de recueillement qui y règne et par la ferveur des fidèles présents. Ce tableau est si tranchant par rapport à la plupart des paroisses que l'on peut voir en France, avec des portes fermées, des prêtres absents ou des chaises vides le dimanche. Je réfléchis depuis pas mal de temps sur cette question ; nul doute – amha – que ce sont des prêtres africains qui reviendront évangéliser les français, les liens sont trop ténus, une longue histoire missionnaire est en partage, sauf qu'à partir d'un moment c'est la direction qui s'inverse. Ici, les églises sont toujours pleines, les quêtes et les offrandes profitables, les fidèles plient les genoux durant toute la Consécration et se livrent à l'adoration du Saint-Sacrement. Où voit-on encore encore cela en France, mis à part dans quelques lieux très connotés et répertoriés, comme par exemple mon ancienne paroisse des Réformés à Marseille du temps du Père Zanotti-Sorkine. Alors, pour avoir une petite chance de trouver place assise le dimanche à la messe, il fallait arriver vingt minutes à l'avance.
Bonne fête de Pâques à tous !

Sébastien Ajavon

29 février 2016


Séba ! Ou Sébastien Ajavon. On ne l'attendait pas tant il est vrai qu'il avait toujours – par le passé – tenu la politique loin de ses préoccupations. Homme d'affaire, entrepreneur, premier contributeur fiscal au budget de la nation, il avait même fait des déclarations fracassantes en ce sens, vilipendant allègrement le monde politique béninois pour sa mauvaise gouvernance, ses gabegies, et son incapacité à établir un climat propice au développement des entreprises et à l'investissement étranger au Bénin.
Seulement c'était sans compter sur son entourage qui poussait le président du patronat à y aller, considérant que non seulement il était le seul capable de stopper la prédation de l'économie nationale, mais encore qu'avec ses pairs il pourrait résorber la crise du chômage sans augmenter les embauches dans l'administration.
Sous pression et vu l'état du pays il a fini par céder ; il y est allé, et depuis le lancement de sa campagne, bien que placé hors des partis institutionnels, il récolte nombre de ralliements venus d'horizons très divers, reçoit des soutiens parfois inattendus, sans doute de personnages qui savent humer l'air du temps, entendre les populations mécontentes. Si l'on se fie uniquement à la courbe des popularités, la sienne est carrément ascensionnelle , et il ne fait aucun doute qu'il est le candidat qui a le vent en poupe en cette dernière semaine de campagne. Au point qu'il rêve lui aussi de faire le K.O. Du calme, Séba ! La fin de la route est encore semée d’embûches et sera difficile.
Son programme se résume en deux ou trois principes clairs et tranchés. L’État doit se limiter à son rôle régalien et faire le reste en liaison et osmose avec les corps intermédiaires de la société. Lutter contre les gaspillages ; par exemple, point besoin de 29 ministres pour gouverner « simple », il annonce un cabinet ultra-restreint avec des personnes recrutées pour leurs seules compétences. Une croissance à deux chiffres est possible, sa seule promesse, grâce à la fin des dépenses improductives et au développement des échanges avec le grand voisin Nigérian. « Le Bénin est un pays de transit » martèle-t-il.
Coté emploi, pas de promesses chiffrées, mais il prône une réorientation des filières de formation, avec une insistance sur les nouvelles technologies et un rétablissement de la confiance dans le secteur des entreprises, bien mise à mal ces dernières années, et seul secteur capable de créer des emplois. Il se définit souvent du leit-motiv qui caractérise son action passée et future : « je suis un agrégé d'économie pratique » aime-t-il à rappeler. Sourire...
On a affaire à un homme solide, bourru, assez ressemblant au paysan auvergnat , doté du bon sens le plus basique : on ne dépense pas l'argent qu'on n'a pas, mais on fait tout pour augmenter les recettes fiscales sans toucher à l'assiette.
Autre caractéristique du bonhomme : il est chrétien, catholique pratiquant et connaît la doctrine sociale de l’Église comme sa poche, l'appliquant au sein de ses entreprises. Au delà de ce cercle, il a aussi créé une fondation qui finance des projets de développement social, des centres de formation professionnelle et sportive, car l'homme est aussi un fervent défenseur de la pratique sportive, qu'il entend promouvoir à travers tout le pays en réalisant les équipements qui manquent depuis tant d'années.
Perso, ce candidat recueille toutes mes préférences, il est authentique, pragmatique et social, réellement soucieux de servir son pays et non de se servir. S'il réussit à gagner, j'ai bon espoir pour le Bénin d'ici à cinq ans, sinon...
Mon pronostic : Président au second tour, après avoir écrasé Lionel Zinsou.
[à suivre]